Caractérisation des mortiers archéologiques, le cas des sites historiques de Djemila et de la citadelle d'Alger

Abstract

La préservation des sites et monuments historiques est d’une importance majeure, ce qui nous a mené à mettre en exergue l’étude de deux sites archéologiques appartenant à deux périodes historiques différentes, le premier est celui de Djemila qui remonte à la période antique et le second est celui de la Citadelle d’Alger qui remonte à la période médiévale. Pour atteindre nos objectifs de recherche à savoir : caractérisation des mortiers, recherche dans la technologie ancienne des mortiers et l’état de préservation des mortiers composant les structures des murs; nous avons procédé dans une première étape au prélèvement des échantillons dans chaque site, et à leurs expérimentations dans une seconde étape. L’analyse des échantillons représentatifs et la connaissance des caractéristiques physicochimiques, mécaniques et structurales ont révélé les résultats suivants : les mortiers de Djemila sont constitués de la terre active, de la chaux, des agrégats céramiques crus ou cuits et de la cendre de bois. Ce mélange est composé des minéraux; de calcite, de quartz, de rutile et de moscovite avec une porosité allant de 16.237% à 23.668 %, une masse volumique de 1.384g/cm3 pour les mortiers de maçonnerie et de 1.879 pour les enduits de recouvrement et une résistance mécanique à la compression à sec est de 1.440 MPa et de 0.430 MPa saturée d’eau. L’aspect structurel de ces échantillons montre des fins calcaires remplissant les pores de ces derniers. Quant aux mortiers de la Citadelle d’Alger sont constitués selon leur position sur site de la terre active, des agrégats céramiques, de la chaux, des os, de la cendre de bois et le noir animal. Ces mélanges sont composés des minéraux; de calcite, de quartz, de rutile, de moscovite, de l’apophyllite, de caoxite, de plâtre hydraté et de la phlogopite avec une porosité ouverte allant de 4.235 – 12.242 %, de masse volumique de 1.211 g/cm3 pour les enduits de recouvrement et environ de 2 g/cm3 pour les mortiers de maçonnerie, une résistance mécanique à la compression à sec est de 3.007 MPa et 1.634 MPa saturée d’eau et une structure montrant la répartition des agrégats céramiques ainsi que des fins calcaires remplissant les pores des échantillons. Ce-ci a mené à une déduction de transfert technologique entre la période Romaine et Ottomane, avec une amélioration de la masse volumique des agrégats de 2.666 à 1.333 g/cm3 et leurs résistances mécaniques le long de ces périodes. Quant à l’influence du milieu sur les parements des murs, les échantillons ont subi l’influence de l’humidité (96%), ce qui a montré après 8640 minutes d’action, une absorption d’eau plus importante pour le cas des mortiers prélevés au niveau de la poudrière par rapport aux mortiers de l’ensemble architecturale de la Citadelle d’Alger et ceux de Djemila. L’état de préservation de la façade Est du palais de Dey est évalué à environ 81%. Enfin, le résultat de cette caractérisation nous a permis de confirmer la chronologie de construction de la Citadelle d’Alger assignée par les historiens et qui s’étale sur trois périodes distinctes : 1516 - 1590, 1590 – 1817 et 1817 - 1830